Cet article est réalisé à partir des documents d'archives de l'ESPERANDERIE et de Messieurs Armand-Louis et Louis-Philippe BOURDON,de la chronique du 16è bataillon de Fusiliers de Gustave MAISON, ainsi que des revues n° 35 et 36 éditées par le CERCLE D'HISTOIRE ET D'ARCHEOLOGIE DES DEUX VERNES, que nous remercions pour leur aimable autorisation de publication.

 

l'I.M.P. Espéranderie s'est implanté, à Bonsecours, en 1972, dans l'ancien couvent construit en 1905 par les soeurs Cisterciennes Bernardines d’Esquermes. La congrégation des sœurs Bernardines applique le mode de vie proposé par St Bernard et trouve ses origines au XII ème dans le nord de la France.

En 1789 survient la révolution française : les ordres religieux sont supprimés et leur patrimoine confisqué. Sous Napoléon, plusieurs ordres religieux peuvent rouvrir et des sœurs se regroupent à ESQUERMES, près de LILLE pour bâtir le monastère « Notre Dame de la plaine ». Elles assurent l’enseignement des demoiselles du Nord, en visant l’exellence. Pour améliorer la formation pratique des étudiantes, les sœurs se font envoyer des animaux empaillés, des fossiles, etc. Il en est de même pour le laboratoire de physique constitué selon les conseils de savants. En 1848, elles créent un jardin botanique qui deviendra l’un des plus réputé de France.

Dès 1880, la progression des idées laïques et l’anticléricalisme en France, poussent les religieuses à chercher des refuges hors frontière. En Belgique, les Bernardines achètent un château à Ollignies et louent une propriété à Barry Maulde. En 1900, le gouvernement de Waldeck-Rousseau conçoit un plan d’expulsion des ordres religieux et l’instauration d’un enseignement laïque. C’est la raison pour laquelle les congrégations religieuses implantent en Belgique, de nombreux établissements d’enseignement le long de la frontière belgo-française, de Dixmude à Arlon. Nous retrouvons ainsi dans notre région : les frères de St Luc Tournai et Mons, les Maristes à Péruwelz, le foyer de Roucourt, St Charles Péruwelz et Weiz-Velvain, le Bon Pasteur Bury et Obourg, les Ursulines Tournai et Mons, etc.

A Bonsecours, les Bernardines d’Esquermes achètent un terrain au Dr VOET.

1903: Construction à BONSECOURS du couvent des soeurs Bernardines

La construction du monastère, de 1903 à 1905, nécessita d'énormes travaux de terrassement (le sous-sol abrite des caves pour les locaux techniques, chaufferie, cuisine, buanderie, ...) et l'acheminement de nombreux matériaux (briques de Boom, pierres de Soignies, structure métallique rivée, menuiserie extérieure en chêne et intérieure en pichpin, béton, ...). Une petite voie de chemin de fer est réalisée pour acheminer les matériaux du canal de Péruwelz au pied du bâtiment.

 

En juillet 1904, l’ordre d’expulsion arrive à Lille-Esquermes.

 

La maison comptait alors 150 religieuses et 300 pensionnaires . Le déménagement vers Bonsecours s’effectue jour et nuit, sans pauses, par voitures, chariots, etc. Des maisons sont louées à Bonsecours pour abriter le mobilier et loger les religieuses en attendant la fin de construction du pensionnat. Une partie des pensionnaires est hébergée chez Voet. La première rentrée dans le pensionnat ne se fera qu'en 1905 . L'institution assure la scolarité des jeunes filles ayant terminé leur école primaire. Elles viennent surtourt du Nord, rarement de très loin ( Londres, Buenos-Aires, ...).

Au fil des années, des filles de Bonsecours et de Peruwelz ont fréquenté l'établissement. Les parents ont choisit cette institution pour le sérieux de son instruction.

La construction de la chapelle débute en 1913, grâce à la dot d'une soeur, issue de la familleTIBERGHIEN. Elle sera interrompue par la guerre et reprise en 1921 pour se terminer en 1923.

1914 - 1918: Le lazaret

 

 

Durant cette période troublée, le monastère ne compte que quelques élèves. Le front est à moins de 100 kms ( La Somme, Arras, Douai ) et Les bâtiments se transforment en lazaret et soignent des centaines de blessés.

Les soldats blessés allemands et français sont unis dans la souffrance.

La prieure va devoir tenir tête à l’autorité allemande pour rester maîtresse des lieux. La vie normale reprend son cours en septembre 1919: 45 religieuses accueillent à nouveau 160 élèves.

 

 

1944-1945: la seconde guerre mondiale

Septembre 1939, la rentrée n’a pas lieu à cause du contexte politique. En avril 1940, l’établissement est pressenti comme hôpital. Devant l’avancée rapide des allemands, il accueille la population qui évacue devant l’ennemi.



En mai, Les Allemands investissent les lieux et installent des sentinelles dans les hautes tours qui surplombent la région. Durant la guerre, la communauté participe à l’œuvre du « secours d’hiver ». chaque jour des centaines de soupes populaires sont préparées et servies au pensionnat pour la population de Bonsecours.Le 4 septembre 1944, c’est la libération de Bonsecours par les alliés.

Le bâtiment est cependant réquisitionné, du 15 janvier au 12 mars 1945 par l’armée belge, pour assurer l’instruction de 800 jeunes recrues qui formeront le 16ème bataillon de fusiliers. Celui-ci ira rejoindre l’armée américaine sur le front du Rhin. En mars, l’armée américaine y séjourne sept à huit cents Ukrainiens, des prisonniers délivrés des camps d’Allemagne en attendant de les rapatrier.

Notons, qu'une importante cérémonie de commémoration du 50ème anniversaire de la libération par les alliés eut lieu à l'Espéranderie, en mai 1995, avec la présence de James William CARROLL, le premier soldat américain de reconnaissance arrivé à Bonsecours.

L'après-guerre

Avec les années de guerre, le monde des idées et des mœurs a évolué. Bien que les maîtresses se mettent au diapason des nouvelles méthodes basées sur une pédagogie plus ouverte, la population scolaire et religieuse diminue progressivement.

 

1972: L'I.M.P. ESPERANDERIE s'installe à Bonsecours

L'I.M.P. ESPERANDERIE était jusqu'alors hébergé dans les batiments du Chateau d'Arrondeau de Roucourt.

l'I.M.P. s'installe à BONSECOURS en date du 02 novembre 1972 en qualité de locataire d’une partie d’un bâtiment appartenant toujours aux religieuses Bernardines.

C’est le 05 mai 1981, que nous avons procédé à l’achat de l’ensemble de la propriété. Les religieuses se sont alors installées dans le monastère Notre-Dame de Bon-Secours. Elles quittent ce dernier batiment en mars 2010, pour retourner séjourner au monastère de Saint André-lez-Lille.

 

Immédiatement après notre achat du 05 mai 1981, un vaste programme d’aménagement a été mis en application. Il fallait rendre ces locaux fonctionnels et conformes pour héberger, en toute sécurité, des personnes handicapées.

 

N’oublions pas que tout était conçu pour un monastère d’enseignement allant jusqu’au baccalauréat et que les pensionnaires disposaient d’alcôves, de grandes salles à manger, d’études, de réunions, de laboratoires destinés à la musique, à la peinture, au dessin, etc.

Il y avait obligation pour notre établissement de refaire de fond en comble les installations électriques (à l’époque : cordelières), sanitaires, de chauffage, d’eau courante et mise en place de réseaux d’incendie (alerte, alarme) et d’égouts. Nous avons dû également supprimer 9.000 mètres carrés de planchers, placer des ascenseurs, réaliser deux captages d’eau pour nous approvisionner décemment, la commune de BONSECOURS ne pouvant suivre notre consommation … et nous passons pas mal de détails.